Si aujourd’hui, les femmes restent trop peu nombreuses dans les ateliers, cela devrait changer à l’avenir. En effet, elles représentent un véritable atout dont il serait dommage de se passer.
Avec 0,8 % de femmes, difficile d’affirmer que la profession de carrossier/ peintre se féminise. Malgré tout, c’est en très bonne voie. On note de la part des acteurs du secteur, une réelle volonté d’aller dans ce sens, d’une part, pour pallier le manque de main d’œuvre et d’autre-part parce que la présence de femmes dans un atelier a des effets plutôt bénéfiques. « Cela change l’ambiance. Elle est bien meilleure. Cela contribue à l’amélioration du travail » estime Guillaume Raillon, qui emploie dans sa carrosserie de Crest (26) trois hommes et trois femmes, « les hommes sont souvent en compétition les uns avec les autres. Quand il y a une fille au milieu de tout ça, cela se calme. Il y a même davantage d’entraide ».
Autre aspect positif souligné par Pascale Boulinguier, Secrétaire région de la Fédération Française de Carrosserie Réparateurs Grand Sud-Ouest : « les femmes avancent plus vite, car elles ont plus de chose à prouver. Cela a pour conséquence de challenger les équipes ». Quant à Dominique Petro, responsable formation et emploi au sein de la Fédération Française de Carrosserie, elle assène : « les femmes ont tout à apporter : plus de dextérité, de créativité, de patience. Aujourd’hui, il n’y a rien qui les empêche de faire ce métier. Elles ont leur place ».
Des freins ? Mais quels freins ?
Certes, mais alors pourquoi n’y en a-t-il pas plus ? Est-ce du fait que c’est un métier physiquement difficile ? « Pas du tout » affirme Pascale Boulinguier, « les matériaux sont plus légers que par le passé, et des appareils de levage évitent de devoir porter des charges lourdes ». Guillaume Raillon, carrossier dans la Drôme, ajoute : « Chaque manipulation se fait avec deux ou trois personnes, même s’il n’y a que des hommes, pour éviter d’abimer quelque chose ou de se faire mal. Cela ne change rien que ce soit une femme.»
Voici donc un premier frein levé. L’autre explication à cette désertion féminine viendrait du fait que les ateliers ne pourraient pas les accueillir, ne disposant pas de vestiaires et toilettes séparés, exigés par la législation. Là encore, ce serait un faux problème à entendre Pascale Boulinguier : « j’ai vu des chefs d’entreprise aménager les horaires pour éviter qu’hommes et femmes se croisent. Sinon, il y a de toutes les façons des toilettes femmes pour les clientes ou même pour d’éventuelles employées de bureau ». Trop de sexisme rebuterait ces demoiselles ? Là encore, cela ne serait qu’une vue de l’esprit.
Un changement de mentalité s’impose.
En réalité, c’est du côté des parents que cela coincerait. Ils seraient peu enclins à laisser leur progéniture embrasser cette profession. La secrétaire Région de la FFC raconte avoir rencontré une jeune fille qui avait préféré dire qu’elle voulait entrer dans l’armée plutôt que d’avouer son envie de devenir carrossier. Emilie, 22 ans, carrossier-peintre, a d’abord suivi un BEP sanitaire et social « pour faire plaisir à papa et maman » avant d’exercer le métier dont elle rêvait étant enfant. Et c’est loin d’être des cas isolés.
L’autre blocage se trouve du côté des directions d’établissements scolaires auprès desquelles Pascale Boulinguier, également créatrice des Répar’actrices, un club regroupant vingt-cinq cheffes d’entreprise du secteur, fait de la sensibilisation. « On parle très peu des métiers de réparation dans l’automobile » remarque-t-elle « une fois j’ai rencontré un directeur de lycée qui nous avait confié ne trouver personne pour renseigner les élèves sur ces professions » et elle de conclure « il faut un réel changement de mentalité. Cela prendra sans doute plusieurs décennies avant de voir davantage de femmes carrossiers, mais cela viendra ».