Tous les ateliers de France recherchent des carrossiers qualifiés. La quête s’annonce difficile… De moins en moins de jeunes choisissent cette voie, pourtant loin d’être une voie de garage.
Les bons carrossiers qualifiés sont en voie d’extinction. Tel est le constat établi par l’ensemble de la profession. Il faut dire que les témoignages allant dans ce sens ne manquent pas. « Je cherche depuis décembre 2020 » confie Cécilia Azema, de la carrosserie Azema située à Noé, en Haute-Garonne, « j’ai reçu quelques CV, mais soit ils n’avaient aucune expérience, soit ils avaient des prétentions salariales exorbitantes ». Pour trouver la perle rare, certains avouent envisager d’aller débaucher chez un concurrent.
Ce manque de main-d’œuvre a évidemment des conséquences. « Nos délais sont passés de trois semaines à un mois au lieu des dix jours en temps normal », regrette Xavier Carvi, comptable au garage Lesieur à Lisieux. Même son de cloche à la carrosserie Arcas à Bordeaux. « J’ai du travail, mais je suis obligé d’en refuser », déplore Serge Arcas. À entendre certains, leur difficulté à embaucher viendrait notamment du fait que les jeunes ne sont pas préparés à la réalité du terrain.
En cause : la formation des apprentis au métier de carrossier
À ce sujet, Serge Arcas ne mâche pas ses mots. « Les formations ne sont pas en adéquation avec le travail en atelier » s’offusque-t-il. Un sentiment partagé par Marine Poret de la carrosserie de la Sphère à Hérouville-Saint-Clair dans le Calvados : « Ils apprennent des techniques que nous n’utilisons plus. Par exemple, ils travaillent sur du gaz de climatisation N°R134A, alors qu’aujourd’hui, nous nous nous servons principalement du gaz 1234 pour les recharges » explique-t-elle avant d’ajouter « ils n’interviennent pas sur les véhicules électriques, alors que nous savons pertinemment que c’est l’avenir ».
Des critiques auxquelles est habituée Dominique Pétro, responsable formation et emploi au sein de la Fédération Française de Carrosserie. « Nous faisons tout pour que le jeune se rapproche des conditions professionnelles d’exercice » se défend-elle, «comme c’est un métier dit manuel, rien ne vaut une expérience de terrain ». L’Éducation nationale planche actuellement sur la mise à jour du contenu des diplômes. Une révision à laquelle les professionnels sont invités à participer, et ainsi veiller à la qualité des programmes. Autre aspect, il est de plus en plus difficile d’intéresser les jeunes.
Et pourtant voici un métier qui a tout pour plaire
Pour en parler des professionnels passionnés. « C’est très valorisant », estime Marine Poret de la carrosserie de la Sphère. « C’est gratifiant de voir un véhicule qui était arrivé totalement cabossé ressortir nickel, comme si rien ne s’était passé ».
Dominique Pétro de la FFC ajoute « c’est un métier qui évolue en permanence en fonction des avancées technologiques. Les accessoires et les éléments embarqués transforment le véhicule et de ce fait le carrossier voit ses compétences changer. Il n’a plus nécessairement les mains dans le cambouis. On demande davantage de compétences électroniques. » Un métier qui grâce également aux ponts ou aux appareils de levage apparait comme moins dur physiquement que par le passé. Cerise sur le gâteau, et pas des moindres, le salaire, du fait notamment de la forte demande, ne cesse d’augmenter. Xavier Carvi du garage Lesieur avance le chiffre de 1600 € net pour 35 heures. C’est parfois même plus dans certaines régions. Pour redorer le blason de la profession bien malmenée, Marine Poret propose : « on doit se mobiliser pour donner envie et mieux communiquer sur notre métier de carrossier. » A bon entendeur…
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